VIDEO INTERVIEW DE PATRICIA KAAS (EN ANGLAIS) ET EXTRAITS DU CONCERT : emagazine.credit-suisse.com.

Patricia Kaas: le "rêve musical" continue

Patricia Kaas a vendu plus de quinze millions d’albums depuis son premier tube "Mademoiselle chante le blues". Et bien qu’elle approche de la quarantaine, la chanteuse française entend bien chanter le blues encore très longtemps, comme elle l’a confié à emagazine. "Je vis un rêve depuis vingt ans et j'espère qu'il durera au moins vingt ans encore."

Sa carrière a débuté par un flop. Et pourtant, Patricia Kaas avait un mentor illustre lorsqu'elle enregistra sa première chanson. Il s'agissait de non moins que de l'acteur Gérard Depardieu, qui en 1985 produisit la chanson "Jalouse", co-écrite par son épouse de l'époque, Elisabeth Depardieu, et Bernard Schwartz, et interprétée par la jeune Patricia alors âgée de 19 ans. En dépit de son échec commercial, la chanson "Jalouse" n'en donna pas moins le coup d'envoi à sa carrière. Grâce ce single, elle attira l'attention du jeune compositeur français Didier Barbelivien, dont la chanson "Mademoiselle chante le blues" permit à la jeune chanteuse de connaître son premier grand succès en 1987 et d'atteindre la quatorzième place du classement français des singles. L'album "Mademoiselle chante..." édité l'année suivante accéda même à la deuxième place du classement des albums français et restait pendant 64 semaines dans le "top ten".

Edith Piaf, Céline Dion... et Patricia Kaas

Depuis, Patricia Kaas a sorti six autres albums et autant d'albums live, et en a vendu plus de quinze millions d'exemplaires de par le monde. Des chansons comme "D'Allemagne", "Fille de l'Est", "Je te dis vous" ou "La liberté" ont remporté un succès bien au-delà des frontières de l'Hexagone. Elle a reçu deux fois le "World Music Award" pour la meilleure artiste française de l'année (en 1991 et 1995) et a remporté quatre fois le prix de la "Victoire de la Musique" pour l'artiste française avec les meilleures ventes d'albums à l'étranger. Dans un sondage réalisé par le magazine "Paris Match" en 1999, elle s'est même retrouvée à la troisième place, après Edith Piaf et Céline Dion, des chanteuses qui ont le plus marqué ces cinquante dernières années.

Des personnalités économiques emballées par sa musique

"Mademoiselle" doit son succès notamment à ses inlassables concerts en live. Jusqu'à ce jour, Patricia Kaas a en effet fait sept tournées mondiales. Lors de sa dernière tournée intitulée "Sexe fort" entre mai 2004 et octobre 2005, elle a donné au total 165 concerts dans vingt-cinq pays, dont l'Ukraine, la Lituanie, la Russie, les Emirats arabes unis, la Corée et la Chine. Les 660 invités réunis début mars à Zurich pour fêter les 150 ans du Credit Suisse ont pu se rendre compte, eux aussi, des talents de l'interprète française, qui a fait un tour de chant pendant 45 minutes. Le public, composé de personnalités suisses de l'économie et de la politique - en d'autres termes un public pas très jeune -, avait certainement peu d'affinités avec les fans typiques de Patricia Kaas. Mais avec son cocktail irrésistible de ballades douces, de rythmes de rock et d'une bonne dose de sex-appeal, la Française a réussi, tout au long du concert, à enthousiasmer le public, qui s'est levé de table pour applaudir et danser au son de la musique.

Tournée planétaire suivie d'une pause créative

Ce concert a été la dernière apparition en public de Patricia Kaas depuis la fin de la tournée "Sexe fort", car elle a décidé de s'octroyer une pause créative. Les fans devront vraisemblablement patienter jusqu'au milieu de l'année 2007 avant de découvrir son prochain album. Une attente qui s'avérera certainement payante, comme l'ont démontré les six œuvres précédentes enregistrées en studio, dans lesquelles l'artiste a révélé à chaque fois de nouvelles facettes musicales sans pour autant renier sa combinaison unique de chanson, de blues et de jazz. La chanteuse ne suit pas un schéma musical rigide, elle se laisse plutôt guider par l'impulsion du moment, comme elle l'a révélé dans une interview juste avant son concert à Zurich: "La chanson française est la base. A partir de cette tradition musicale, j'interprète parfois une chanson avec des accents de pop ou de blues en fonction de mon humeur au moment de l'enregistrement du morceau." Rester fidèle à soi-même tout en allant avec son temps, c'est en quelque sorte la manière dont Patricia Kaas conçoit l'innovation. "J'adore expérimenter différents styles. Et j'aime y ajouter des éléments qui sont dans l'air du temps. Car même en musique, il faut s'adapter à son époque", conclut Patricia Kaas.

Un contact privilégié avec l'Allemagne

Il est possible que son ouverture d'esprit musicale provienne de son histoire personnelle. Petite dernière d'une famille de sept enfants, Patricia Kaas a grandi dans la localité lorraine de Forbach, près de la frontière avec l'Allemagne. Son père était français, sa mère allemande et jusqu'à l'âge de six ans, elle n'a parlé qu'un dialecte germanique. Et c'est aussi en Allemagne qu'elle a finalement fait ses premiers pas dans l'univers professionnel de la musique: à l'âge de treize ans, elle a décroché un contrat dans le club "Rumpelkammer" de Sarrebruck, où elle s'est produite pendant sept ans sous le nom d'artiste "Pady Pax" avec le groupe "Dob's Lady Killers". Ses origines franco-allemandes l'ont littéralement prédisposée à devenir l'ambassadrice musicale des deux pays. Ses "mérites en faveur de l'unité franco-allemande" lui ont d'ailleurs valu de recevoir en 2003 la "Croix de première classe de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne".

Un duo avec Robbie Williams?

Bon nombre d'artistes au palmarès moins brillant auraient pris leur retraite depuis bien longtemps. L'infatigable Patricia Kaas, qui soufflera ses 40 bougies le 5 décembre 2006, pense avoir atteint tout au plus le milieu de sa carrière comme elle le dit elle-même: "Je vis un rêve depuis vingt ans et je serais très heureuse qu'il dure vingt ans de plus". Il lui reste encore beaucoup de choses à accomplir dans sa carrière musicale. "Par exemple un duo avec Robbie Williams". Son rire, qui retentit dans l'air étouffant de sa loge bien trop exiguë, indique clairement que ce projet ne lui tient pas vraiment à cœur. Et qu'en est-il de ses rêves personnels? "Un enfant? Oui, j'aimerais bien en avoir un jour." Avant qu'elle ne disparaisse en direction de la scène, nous lui demandons si cela mettrait un terme à sa carrière. "Bien sûr que non! Je ne serais certainement pas une bonne mère si on m'enlevait ce qui a tant d'importance pour moi."

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